Pureté émergée du chaos

Le lotus pousse dans l’eau trouble, parfois boueuse, et pourtant ses fleurs s’élèvent intactes, d’un blanc ou d’un rose presque irréel. En Corée, on l’appelle 연꽃 (yeonkkot) et il occupe une place à part : à la fois fleur d’été et symbole spirituel majeur.

Fleur de l’été, mais hors du temps

Dans la symbolique coréenne des saisons, le lotus est associé à l’été. Mais il ne figure pas parmi les Quatre Gentilshommes (사군자). Il incarne une sagesse plus intérieure, plus spirituelle, parfois même silencieuse. Il est respecté non pour sa résistance, mais pour ce qu’il montre : qu’on peut traverser les eaux sombres sans jamais se salir.

Lotus - aquarelle de Natali Mias et calligraphie Seoyemi
Lotus - aquarelle de Natali Mias

연꽃 ~ Symbole de pureté et d’éveil

Le lotus représente la pureté née de l’épreuve, la clarté au cœur de la confusion. C’est une image très forte dans le bouddhisme, présent partout dans l’iconographie coréenne. Selon la tradition, Bouddha serait né avec des lotus sous ses pas. Il est souvent représenté assis sur une fleur de lotus, ou entouré de pétales ouverts, comme une métaphore de l’éveil.

Photographie d'une statue contenant la relique de la dent de Bouddha, à Singapour - Photo Dharma from Sadao, Thailand
Photographie d'une statue de Bouddha sur un Lotus, contenant une relique © Photo Dharma

« Sans boue, pas de lotus. »

Cette métaphore, popularisée par le moine vietnamien Thich Nhat Hanh, souligne que la souffrance (la boue) est nécessaire pour atteindre le bonheur et l'éveil (le lotus).

Proverbe "Sans boue, pas de lotus" calligraphié en Hangeul au bord de l'eau avec des lotus
Calligraphie du proverbe 진흙 없이는 연꽃도 없다 qui signifie "Sans boue, pas de lotus"

Dans l’art et la spiritualité

Le lotus est intimement lié à la culture bouddhique, encore bien présente en Corée. On le retrouve sculpté à la base des statues, peint sur les plafonds des temples ou suspendu sous forme de lanternes pendant 석가탄신일, l’anniversaire de Bouddha. Ce jour est un jour férié officiel en Corée, célébré par une grande fête des lanternes dans tout le pays. La fleur de lotus symbolise donc l’éveil spirituel, le chemin vers la clarté. Elle est d’ailleurs au cœur d’un texte fondamental du bouddhisme mahāyāna, le Sūtra du Lotus, dont le titre même évoque cette fleur comme guide universel.

Chapitre 25 du Sūtra du Lotus, La Porte universelle, rouleau illustré japonais daté de 1257, période Kamakura
Chapitre 25 du Sūtra du Lotus : "La Porte universelle", calligraphié par Sugawara Mitsushige. Période Kamakura, daté de 1257. Rouleau horizontal ; encre, couleurs et or sur papier, 24,6 × 934,9 cm (avec montage). Metropolitan Museum of Art, inv. 53.7.3.

En calligraphie, le lotus est parfois représenté ou évoqué à travers des mots comme clarté, paix, transformation. Plus rarement en coréen, ces calligraphies seront principalement en caractères japonais kanji, chinois et siddham (ancien alphabet indien). Il peut accompagner des poèmes ou extraits de textes bouddhiques, ou être stylisé comme un motif central, doux et équilibré.